Roland Garros

Logo de Roland Garros

Roland Garros est l’un des quatre tournois du Grand Chelem de tennis, organisé chaque année à Paris par la Fédération française de tennis. Joué depuis la fin du XIX ème siècle, il s’est imposé comme un rendez-vous majeur du calendrier sportif international et fait partie intégrante du patrimoine sportif français. Surnommé souvent les Internationaux de France, ce tournoi sur terre battue attire chaque printemps des centaines de milliers de spectateurs et offre son lot de moments d’anthologie, de duels épiques et d’émotions fortes qui ont façonné sa légende.

Histoire du tournoi de Roland Garros

Les origines de Roland Garros remontent à 1891, lorsque se tient à Paris la première édition des Championnats de France de tennis, réservée aux joueurs membres de clubs français. En 1897, un tournoi féminin est ajouté, mais il faut attendre 1925 pour que l’épreuve s’ouvre aux joueurs étrangers : les Internationaux de France sont nés.

L’époque des Quatre Mousquetaires

La domination tricolore culmine à la fin des années 1920 avec les « Quatre Mousquetaires » – Jean Borotra, Jacques Brugnon, Henri Cochet et René Lacoste – qui remportent ensemble 10 titres en simple entre 1922 et 1932. Leur exploit en Coupe Davis 1927 incite la France à construire un grand stade porte d’Auteuil pour défendre le trophée : l’enceinte est inaugurée en 1928 et baptisée Stade Roland Garros en hommage à l’aviateur héroïque du même nom, tombé au combat en 1918.

L’hégémonie du tennis anglo-saxon

Après une interruption durant la Seconde Guerre mondiale (1940-1945), le tournoi connaît l’hégémonie des joueurs anglophones : les Américains puis les Australiens s’illustrent, à l’image de Ken Rosewall ou de Margaret Smith Court. Cette dernière détient encore le record absolu de titres à Roland Garros (toutes épreuves confondues) avec 13 trophées remportés entre 1962 et 1973.

Roland Garros s’intègre à l’ère Open

En 1968, Roland Garros entre dans l’ère Open en devenant le premier Grand Chelem ouvert aux professionnels, ce qui accroît encore son prestige. Les années 1970-1980 sont marquées par les duels légendaires entre Björn Borg (6 victoires) et Guillermo Vilas, ou par la rivalité féminine entre Chris Evert (record de 7 titres en simple dames) et Martina Navratilova. Durant cette période, le stade s’agrandit (passant de 5 à 10 courts en 1979, puis 20 courts dans les années 1990) pour accueillir un public de plus en plus nombreux.

La victoire de Yannick Noah

Malgré quelques exploits tricolores isolés – François Jauffret atteignant les demi-finales, la victoire de Françoise Dürr en double dames en 1967 – le dernier Français vainqueur en simple messieurs reste Yannick Noah en 1983, un sacre historique obtenu devant Mats Wilander. Noah s’effondra en larmes dans les bras de son père sur le court central, offrant à la France un moment de liesse inoubliable. En 2000, Mary Pierce (Française d’adoption) remportera également le titre dames.

À partir des années 1990, la domination passe aux « Armadas » étrangères : l’Espagne notamment s’impose avec des champions comme Arantxa Sánchez, Sergi Bruguera, Carlos Moyà ou Juan Carlos Ferrero, préfigurant l’ère Rafael Nadal.

À partir de 2005, Nadal va régner sans partage sur la terre battue parisienne en repoussant les limites du possible : il remporte 14 fois le trophée des Mousquetaires, un record absolu dans l’histoire du tennis.

Détenteur de 22 titres du Grand Chelem (dont ces 14 à Paris), Nadal a établi à Roland Garros un bilan quasi imbattable. Dans le même temps, de grands champions ont longtemps buté sur la terre parisienne – on songe à Andy Murray, Roger Federer ou Novak Djokovic. Ce dernier, après trois échecs en finale, a fini par triompher en 2016, complétant ainsi le Grand Chelem en carrière et écrivant une page de légende supplémentaire du tournoi.

Déroulement du tournoi de Roland Garros

Roland Garros se tient chaque année fin mai et début juin, sur deux semaines consécutives. Il s’agit chronologiquement du second Grand Chelem de la saison, après l’Open d’Australie et avant Wimbledon et l’US Open. Le tournoi se déroule au Stade Roland Garros, un complexe de 8,5 hectares situé Porte d’Auteuil, en bordure du Bois de Boulogne à l’ouest de Paris.

Les qualifications

Le tournoi de qualifications de Roland Garros se déroule la semaine qui précède le début du tournoi. Il s’agit généralement de la troisième semaine de mai. Y participent 128 joueurs, dont 8 qui possèdent une wild card, et les 120 joueurs qui sont les mieux classés, sans pour autant pouvoir rentrer dans le tableau principal.

Les deux semaines de tournoi

Pendant les deux semaines de tournoi, tous les joueurs commencent au même niveau, au premier tour, soit les 1/64 èmes de finale. Néanmoins, les têtes de série ont un début de tableau plutôt tranquille. Concrètement, les 32 meilleurs joueurs savent qu’ils ne rencontreront pas de joueur mieux classé qu’eux avant le troisième tour.

Participent au tableau final de Roland Garros, chez les hommes comme chez les femmes :

    • Les 100 joueurs les mieux classés au classement ATP (pour les hommes) et WTA (chez les femmes)

    • Les 16 joueurs qualifiés (qui ont remporté leurs trois tours de qualifications

    • Les 8 wild cards

    • Les 4 lucky losers

Les courts de Roland Garros

Durant « la quinzaine », des dizaines de matchs sont disputés chaque jour sur les 20 courts en terre battue du site, sous l’autorité de centaines de ramasseurs de balles, arbitres et officiels mobilisés pour l’occasion. La journée type commence vers 11 heures du matin sur les courts annexes, tandis que les grandes affiches se jouent sur les deux principaux stades : le Court Philippe-Chatrier (15 000 places) et le Court Suzanne-Lenglen (10 000 places).

Court central de Roland Garros avec son toit rétractable

 

Court central de Roland Garros avec son toit rétractable – Crédits : Remi Mathis

Depuis peu, des sessions de soirée ont été introduites sur le court central, grâce à l’installation en 2020 d’un toit rétractable et de projecteurs, un aménagement longtemps attendu. Le court Suzanne Lenglen est lui aussi doté d’un toit rétractable, ce qui permet aussi de faire avancer le tournoi malgré des épisodes de pluie, qui peuvent survenir en mai ou en juin à Paris.

Autrefois considéré comme le « parent pauvre » des Grands Chelems en termes d’infrastructures, Roland Garros a entrepris depuis 2018 une modernisation d’ampleur : le Court Philippe-Chatrier a été reconstruit et doté d’un toit mobile, et le site s’est étendu sur les serres d’Auteuil pour offrir de nouveaux espaces aux joueurs et spectateurs. Malgré ces évolutions, le tournoi conserve un charme distinct, mêlant l’élégance parisienne à une certaine décontraction. Le public y est proche des courts, notamment sur les annexes, ce qui crée une proximité et une ferveur particulières. Il n’est pas rare de voir des joueurs couverts de terre battue de la tête aux pieds, symbole de batailles acharnées propres à Roland Garros.

Si vous voulez en savoir plus sur le nombre de courts à Roland Garros, nous avons écrit un article dédié à ce sujet (à lire ici).

Quels joueurs participent à Roland Garros ?

Le tournoi principal réunit 128 joueurs et 128 joueuses en simple, issus soit du classement mondial soit des qualifications disputées la semaine précédente. Le format est à élimination directe : il faut remporter sept matchs de suite pour soulever le trophée.

Chez les messieurs, les rencontres se jouent au meilleur des cinq sets (ce qui n’existe qu’en Grand Chelem), tandis que chez les dames on joue au meilleur des trois sets. Cette exigence particulière – enchaîner des matchs en cinq manches sur une surface lente – contribue à la réputation de Roland Garros comme l’épreuve la plus éprouvante physiquement du circuit.

En plus des simples, le programme comprend des épreuves de double messieurs, double dames et double mixte, ainsi que des tournois juniors et des compétitions handisport, faisant de Roland Garros un événement riche et varié. La finale dames se tient généralement le samedi de la deuxième semaine, suivie de la finale messieurs le dimanche en clôture.

 

Caractéristiques uniques du Grand Chelem de la porte d’Auteuil

La principale singularité de Roland Garros est d’être le seul Grand Chelem disputé sur terre battue. Cette surface ocre, faite de brique pilée, est la plus lente du tennis : elle ralentit la balle et en accentue le rebond, favorisant les longs échanges depuis la ligne de fond. Par conséquent, le tournoi de Paris neutralise en partie les gros serveurs et spécialistes du service-volée, et met à l’honneur les joueurs patients, endurants et à la solide défense.

L’endurance et les capacités athlétiques mises à l’honneur

Gagner à Roland Garros requiert une condition physique exceptionnelle, ce qui explique que beaucoup de champions aient considéré ce titre comme le plus difficile à conquérir. La terre battue implique aussi un style de jeu spécifique, avec de glissades maîtrisées et des échanges longs – autant d’éléments qui participent au spectacle unique offert Porte d’Auteuil.

Les trophées ont eux aussi leurs propres noms

Roland Garros a ses traditions propres. Les trophées y portent des noms prestigieux : le vainqueur messieurs soulève la Coupe des Mousquetaires, en hommage aux quatre champions français des années 1920-30, tandis que la gagnante dames reçoit la Coupe Suzanne-Lenglen, du nom de la légendaire championne française des années 1920. Les vainqueurs du double messieurs et du double dames reçoivent respectivement la Coupe Jacques-Brugnon et la Coupe Simone-Mathieu, honorant d’autres figures du tennis français.

Par ailleurs, l’enceinte de Roland Garros est émaillée de références historiques : la Place des Mousquetaires, au cœur du stade, expose des statues en bronze des célèbres Mousquetaires et accueille un écran géant pour suivre les matchs. Non loin de là, l’allée Marcel-Bernard ou le Court Simonne-Mathieu (inauguré en 2019 au milieu des serres d’Auteuil) rappellent que ce tournoi valorise son héritage. Une statue de Rafael Nadal a également été inaugurée en 2021, soulignant encore un peu plus l’empreinte indélébile qu’a laissé le Majorquin sur le tournoi parisien. Voici un lien qui vous permet de l’apercevoir, lors de l’inauguration de la statue.

L’ambiance particulière de Roland Garros

L’ambiance de Roland Garros oscille entre l’élégance française et la passion bouillonnante d’un public connaisseur. Les spectateurs parisiens, réputés exigeants, n’hésitent pas à applaudir les beaux points de tous les joueurs, tout en soutenant ardemment leurs favoris nationaux par des « Allez ! » sonores. Chaque année, plus de 600 000 spectateurs arpentent les allées du stade lors du tournoi, un record d’affluence ayant été atteint en 2024 avec plus de 633 000 visiteurs sur la quinzaine.

L’atmosphère sur place est à la fête : entre deux matchs, on déambule dans les allées animées où se mêlent vendeurs de crêpes, stands de souvenirs et performances d’artistes de rue. Malgré la foule compacte, beaucoup décrivent cette effervescence comme une expérience conviviale de « kermesse » à la parisienne, avec ses jongleurs, acrobates et musique d’ambiance, digne d’un bazar oriental.

Un site unique, dans « la plus belle ville du monde »

Le site lui-même contribue à l’ambiance unique du tournoi. Niché en pleine ville, Roland Garros offre des vues pittoresques sur la capitale depuis les tribunes supérieures. Au coucher du soleil, la lumière dore la terre battue et confère aux matchs en fin de journée une atmosphère presque magique. La fameuse “Place des Mousquetaires”, esplanade centrale du stade, se transforme en point de ralliement : les spectateurs s’y rassemblent pour suivre les rencontres sur l’écran géant, assis sur les gradins ou le long des murs où figurent les noms des anciens champions. C’est un lieu de communion où se vivent ensemble les émotions fortes des fins de match.

Records et statistiques de Roland Garros

Avec ses matchs éprouvants physiquement en cinq sets, et sa surface légendaire, le tournoi de tennis de Roland Garros comporte son lot de records et de statistiques insolites. On vous en a dressé une liste

Titres en simple messieurs

Le roi incontesté de Roland Garros est Rafael Nadal, avec 14 victoires entre 2005 et 2022, un record absolu pour un même tournoi du Grand Chelem. Derrière lui, le Suédois Björn Borg détient 6 titres (années 1970-80). Chez les Français, le meilleur palmarès masculin reste celui des Mousquetaires Lacoste et Cochet (3 titres chacun dans les années 1920). Le dernier homme à avoir réalisé le Grand Chelem en carrière en achevant sa collection à Roland Garros est Novak Djokovic en 2016.

Titres en simple dames

La recordwoman est l’Américaine Chris Evert avec 7 victoires (entre 1974 et 1986). Elle dépasse d’une longueur les 6 titres de la Française Suzanne Lenglen (années 1920) et de l’Allemande Steffi Graf. Dans l’ère Open, la joueuse la plus titrée est la belge Justine Henin. Du côté tricolore, Mary Pierce reste la dernière à s’être imposée (en 2000), plus de 30 ans après Françoise Dürr chez les amatrices (1967).

Précocité et longévité

Le plus jeune champion de l’histoire du tournoi est Michael Chang, titré à 17 ans et 3 mois en 1989. Côté féminin, Monica Seles a gagné en 1990 à seulement 16 ans et demi. À l’inverse, l’Espagnol Andrés Gimeno demeure le vainqueur le plus âgé en simple messieurs (34 ans en 1972), un record que Rafael Nadal a failli battre en triomphant à 36 ans en 2022.

Match le plus long

Le duel fratricide entre Fabrice Santoro et Arnaud Clément au 1er tour de 2004 est resté dans les annales : 6 heures 33 minutes de jeu étalées sur deux jours, pour une victoire de Santoro 16-14 au cinquième set. Ce marathon inouï a longtemps été le match le plus long de l’histoire du tennis moderne, avant d’être dépassé par le célèbre 11h05 de Wimbledon 2010 (Isner-Mahut), on en parle en détails ici. À Roland Garros, il reste inégalé – et le restera sans doute, depuis l’introduction en 2022 du tie-break final pour écourter les rencontres interminables.

Arnaud Clément, actuel directeur du tournoi d’Aix-en-Provence, a confié avoir été soulagé que son record soit battu, car on lui parlait un peu trop souvent à son goût de ce match, qu’il avait finalement perdu.

Autres records

    • Le service le plus rapide enregistré à Roland Garros a atteint 240 km/h, performance réalisée par le Croate Ivo Karlović en 2011.

    • Le tournoi utilise environ 65 000 balles par édition et la distance totale parcourue par les ramasseurs de balles pendant deux semaines se compte en centaines de kilomètres !

    • Côté affluence, comme mentionné plus haut, plus de 633 000 spectateurs ont assisté aux matchs en 2024, un chiffre en constante augmentation qui illustre la popularité grandissante de l’événement.

    • Enfin, Roland Garros est diffusé dans près de 220 pays, avec une audience télé cumulée avoisinant les 2 milliards de téléspectateurs sur l’ensemble de la compétition – une portée médiatique exceptionnelle pour un tournoi de tennis.

La championne Venus Williams qui a remporté Roland Garros en double femme (deux fois) et en double mixte (une fois), tout en atteignant la finale en simple
Crédits photo : Poudou99

 

La championne Venus Williams qui a remporté Roland Garros en double femme (deux fois) et en double mixte (une fois), tout en atteignant la finale en simple

Les plus beaux matchs

Au fil des décennies, Roland Garros a été le théâtre de matchs d’anthologie, dont voici une sélection parmi les plus mémorables :

    • 1984 – Finale messieurs : Ivan Lendl vs John McEnroe. Cette finale reste l’une des plus renversantes de l’histoire. L’Américain McEnroe, alors n°1 mondial invaincu de l’année, survole les deux premiers sets face au Tchécoslovaque Lendl. Pourtant, devant un public du central médusé, Lendl renverse la situation après avoir été mené deux sets à rien et s’impose en cinq manches (3-6, 2-6, 6-4, 7-5, 7-5). Il s’agit du premier titre en Grand Chelem d’Ivan Lendl, conquis au courage alors que McEnroe qualifiera cette défaite de « pire désillusion de [sa] carrière ». Ce match a durablement marqué les esprits et changé le cours des carrières des deux champions.

    • 1989 – Huitième de finale : Michael Chang vs Ivan Lendl. Un match de légende par son scénario digne d’un film ! À 17 ans, le fougueux Michael Chang affronte en huitièmes le grand favori Lendl, triple vainqueur du tournoi. Mené deux sets à zéro et crampé, Chang puise dans des ressources mentales incroyables : il adopte une tactique audacieuse en renvoyant de hauts lobs pour casser le rythme et, moment culte, tente même un service à la cuillère qui surprend Lendl. Contre toute attente, Chang remporte le match 4-6, 4-6, 6-3, 6-3, 6-3, sous les ovations d’un public conquis. Quelques jours plus tard, il deviendra le plus jeune vainqueur de l’histoire du tournoi. Ce duel restera comme le symbole de l’insouciance et de la ténacité de la jeunesse triomphante.

    • 1992 – Finale dames : Monica Seles vs Steffi Graf. Opposant les deux meilleures joueuses du moment, cette finale est souvent citée parmi les plus grandes de l’ère moderne. La Yougoslave Monica Seles, 18 ans, et l’Allemande Steffi Graf, 22 ans, se livrent un combat épique de 2h43 marqué par un troisième set d’une intensité exceptionnelle. Seles finit par l’emporter 6-2, 3-6, 10-8, signant son troisième Roland Garros consécutif en “résistant à Graf dans un set final digne d’une pièce de Shakespeare”. Les 16 500 spectateurs du central, tenus en haleine pendant 91 minutes dans la dernière manche, assistent à des retournements de situation incessants : Graf sauve cinq balles de match avec bravoure, mais Seles, inflexible, finit par triompher sur une faute directe de son adversaire. « Nous méritions toutes les deux de gagner », dira Seles après ce duel entré dans la légende pour son niveau de jeu autant que pour son suspense.

    • 1999 – Finale messieurs : Andre Agassi vs Andrei Medvedev. Cette finale a la saveur des contes de fées. À 29 ans, l’Américain Andre Agassi dispute peut-être sa dernière chance de remporter Roland Garros, le seul Majeur manquant à son palmarès. Face à lui, l’Ukrainien Andrei Medvedev, outsider imprévisible, démarre en trombe et mène deux sets à zéro. Le public parisien, acquis à la cause d’Agassi, l’encourage sans relâche. Porté par les acclamations, Agassi renverse la situation et s’impose finalement en cinq sets, devenant le cinquième joueur de l’histoire à réaliser le Grand Chelem en carrière. Lors de la balle de match victorieuse, l’émotion d’Agassi – tombant à genoux puis fondant en larmes – reste gravée comme l’un des plus beaux moments vécus sur le central. Cette victoire en 3-6, 6-4, 6-2, 1-6, 6-4 marque aussi le retour au premier plan d’un champion qui avait connu des années difficiles, et offre à Roland Garros l’une de ses plus grandes histoires.

    • 2013 – Demi-finale messieurs : Rafael Nadal vs Novak Djokovic. Rivalité phare du début du XXI<sup>e</sup> siècle, les confrontations entre Nadal et Djokovic ont atteint des sommets à Roland Garros, et celle-ci est souvent considérée comme leur duel le plus titanesque à Paris. En demi-finale, le septuple champion Nadal affronte le n°1 mondial Djokovic dans un match de tous les superlatifs : 4h37 d’un combat intense, conclu 9-7 au cinquième set en faveur de l’Espagnol. Aucun des deux adversaires ne voulait céder : Djokovic, mené deux sets à un, arrache le quatrième au tie-break puis fait la course en tête dans la manche décisive. À 4-3 en sa faveur, survient un point de bascule incroyable : lancé au filet, Djokovic perd l’équilibre et touche maladroitement le filet avant le deuxième rebond de la balle, offrant le point à Nadal. Ce fait de jeu remet les deux joueurs à égalité et Nadal parvient à débreaker, puis à prendre une avance décisive. Après presque cinq heures d’un spectacle d’une qualité technique et physique hors normes, Nadal triomphe et file en finale, épuisé mais vainqueur de ce “combat de Titans” dont le public se souviendra longtemps.

Bien d’autres matchs pourraient figurer dans cette liste – on pense à la finale Borg vs Vilas de 1978 où le Suédois n’a concédé que 5 jeux, à la demi-finale entre Gaston Gaudio et David Nalbandian en 2004 conclue 6-4 au cinquième après un chassé-croisé haletant, ou encore à la finale dames 2017 où la jeune Lettone Jeļena Ostapenko créa la surprise en renversant Simona Halep. Chaque édition de Roland Garros apporte son lot de rencontres mémorables, perpétuant la tradition d’un tournoi où l’histoire s’écrit sur la terre battue.

Anecdotes emblématiques

Roland Garros regorge d’anecdotes et de petits faits qui ont alimenté sa légende au fil du temps. En voici quelques-uns des plus emblématiques :

Un héros de guerre pour nom de stade

Fait étonnant, le tournoi de tennis tire son nom d’un aviateur : Roland Garros n’était pas un champion de tennis mais un pionnier de l’aviation française. As de la Première Guerre mondiale, il fut le premier à traverser la Méditerranée en avion en 1913. Tombé au champ d’honneur en 1918, il a donné son nom au stade inauguré dix ans plus tard en hommage à son courage. Ainsi, chaque printemps, c’est sa mémoire qui plane symboliquement sur la terre battue parisienne.

Chaque année ou presque, la télévision interroge les spectateurs sur le nom du tournoi en leur demandant « Savez-vous qui est Roland Garros ? ». La plupart des personnes interrogées pensent qu’il s’agit d’un ancien tennisman, et se trompent.

Les « Quatre Mousquetaires » à l’honneur

Roland Garros célèbre fièrement ses glorieux anciens. Non seulement la Coupe des Mousquetaires remise aux vainqueurs messieurs rappelle l’âge d’or des Borotra, Brugnon, Cochet et Lacoste, mais leurs statues en pied ornent la place principale du stade. Les spectateurs aiment se photographier devant ces monuments de bronze, rendant hommage à ces légendes françaises qui ont contribué à populariser le tennis dans l’Entre-deux-guerres. De même, Suzanne Lenglen – star des années 1920 aux six titres – a son nom gravé sur le deuxième court principal, perpétuant le souvenir de la « Divine » et de son élégance intemporelle.

Le service à la cuillère de Chang (1989)

Cet instant iconique du tournoi s’est produit en huitième de finale 1989. Mené et épuisé face au numéro 1 mondial Ivan Lendl, le jeune Michael Chang tente soudain un service à la cuillère (service frappé par dessous) – geste rarissime en match officiel. Le public du court central, d’abord stupéfait, exulte quand la ruse fonctionne et déstabilise Lendl. Chang remportera le set puis le match, et finalement le titre, inscrivant à jamais cet épisode parmi les plus célèbres de Roland Garros. Encore aujourd’hui, “le service à la cuillère de Chang” est évoqué dès qu’un joueur ose imiter ce coup plein de malice.

Le cœur de Guga (2001)

L’une des images les plus joyeuses du tournoi reste sans doute celle de Gustavo “Guga” Kuerten, idole brésilienne, en 2001. Après sa victoire en quart de finale (après avoir sauvé une balle de match dans un thriller face à Michael Russell), Guga célèbre en dessinant un grand cœur avec sa raquette sur la terre battue du court central, puis s’allonge dedans, bras en croix. Le public, déjà conquis par son sourire et sa bonne humeur, est en délire. Kuerten répétera son geste en finale après son troisième sacre à Paris, déclarant au micro : « Je vous porte tous dans mon cœur ! ». Ce rituel du cœur dessiné sur le court est resté comme le symbole de l’amour réciproque entre le Brésilien et Roland Garros.

La crise de Hingis (1999)

En finale dames 1999, la Suissesse Martina Hingis va vivre un cauchemar face à Steffi Graf. Dominatrice pendant un set et demi, Hingis conteste soudain une balle annoncée faute et, dans un élan d’insouciance, traverse le filet pour montrer la marque, ce que le règlement interdit formellement. Le public français, peu amène envers cette attitude jugée arrogante face à leur chouchoute Graf, se met à huer Hingis copieusement.

Déstabilisée, la jeune championne de 18 ans craque nerveusement : elle tente un service à la cuillère désespéré (applaudi ironiquement), perd le fil du match et finit par s’incliner. En larmes, Hingis quitte le court avant même la remise des prix. Sa mère doit la ramener sur le terrain, sous les applaudissements cette fois, pour qu’elle reçoive son trophée de finaliste. Cette scène, mêlant dramaturgie et émotion, a marqué les esprits au point qu’on parle encore de “la finale des larmes de Hingis”. Hingis ne remportera jamais Roland Garros, ajoutant à la dimension tragique de l’anecdote.

Le jour où Nadal est tombé (2009)

Rafael Nadal, invincible à Roland Garros de 2005 à 2008, semblait imbattable sur “son” court Philippe-Chatrier. C’est pourtant en huitième de finale 2009 qu’est survenu l’impensable : l’Espagnol a connu sa toute première défaite à Paris face au Suédois Robin Söderling, auteur d’un match héroïque en quatre sets. Cette élimination choc – “l’une des plus grandes surprises de l’histoire du tournoi” selon la presse – a stupéfié le public.

Nadal restait alors sur 31 victoires consécutives porte d’Auteuil et quatre titres d’affilée, ce qui rendait l’exploit de Söderling encore plus retentissant. Si ce dernier ne gagna pas le tournoi (il échoua en finale), il demeure dans les annales comme le premier homme à avoir fait chuter le Roi de la terre battue à Roland Garros. Nadal tirera les leçons de ce revers inattendu et reviendra dès l’année suivante reconquérir son sceptre parisien.

Robin Söderling a ensuite poursuivi sa série de victoires jusqu’en finale, où il affronte le suisse Roger Federer. Et Federer a réussi à battre le suédois, gagnant ainsi son premier et son seul Roland Garros. C’était à ce jour le seul tournoi du Grand Chelem qui lui résistait.

Prize Money de Roland Garros 2025

Comme il s’agit d’un tournoi du Grand Chelem, il s’agit des meilleures dotations financières que l’on retrouve sur le circuit professionnel (ATP et WTA). Voici le prize money pour le tableau principal : 

  • Vainqueur(e) : 2 550 000 €
  • Finaliste : 1 275 000 €
  • Demi-finaliste : 690 000 €
  • Quart-de-finaliste : 440 000 €
  • Huitième-de-finaliste : 265 000 €
  • Troisième tour : 168 000 €
  • Deuxième tour : 117 000 €
  • Premier tour : 78 000 €

Et voici le prize money pour les qualifications. Comme l’a évoqué Laurent Rochette dans son podcast, aujourd’hui, un joueur qui intègre les qualifications de Grand Chelem peut financer toute sa saison avec l’argent gagné. La hausse du prize money des qualifications de Grand Chelem permet donc à davantage de joueurs et joueuses de passer pro.

  • Troisième tour : 43 000 €
  • Deuxième tour : 29 500 €
  • Premier tour : 21 000 €